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Auteur/autrice : celinextenso

Assistance sexuelle non merci : baisez-nous sans formation

Ca fait un petit moment que le sujet gronde dans le petit monde du handicap, et moi aussi je gronde dans mon coin, en entendant toutes ces conneries. Ces jours-ci le débat sur l’assistance sexuelle est relancé par le film « The sessions » qui vient de sortir (et ne va pas tarder à rentrer à mon avis), alors je crache ma Valda.

 

Comme à mon habitude, je ne suis pas d’accord avec plein de choses. Alors je vais commencer par ce qui nous met d’accord. Oui, il y a certainement un problème dans l’idée que se font les valides de notre sexualité. Non, ils n’en parlent pas, car ils ne pensent même pas qu’elle existe. Du coup, ils se contentent de nous caresser la joue avec pitié, plutôt que de nous draguer avec désir. On peut se demander pourquoi on arrive pas à décoller de cet apitoiement (merci le Téléthon), on peut essayer de foutre en l’air ce tabou, et leur expliquer manu militari la puissance de notre sex appeal. On peut aussi discuter des barrières, physiques et psychologiques, qui retiennent les handis d’aller draguer, eux, les personnes plus ouvertes (car il y en a, bien heureusement). Donc le débat n’est pas vain. Il est même très intéressant.

 

Par contre, ce projet d’assistance sexuelle me hérisse pour plusieurs raisons, je vais m’arrêter aux deux principales.

 

– Intellectuellement, je ne comprends pas comment on peut séparer cette question de celle de la prostitution. Faut pas jouer au con, des prestations sexuelles tarifées c’est quoi ?

Alors les valides peuvent aller en cachette chez des prostitués, certes, mais c’est interdit. Les handis semblent avoir plus de mal à trouver des prostitués disposés à les manipuler, ok. Mais en cherchant bien ça m’étonnerait que ça ne se trouve pas. Résultat, on demande de légaliser mais seulement pour les handis ? Sérieusement ? Parce que la misère sexuelle, pour un valide, c’est moins grave ?

Je suis plutôt pour la prostitution. Je ne la vois pas comme une absolue nécessité pour la société, mais je ne vois aucune raison de l’interdire du moment qu’elle est pratiquée de façon indépendante, volontaire, réfléchie, saine. Un cabinet de massage, ou un cabinet de sexe, n’ont-ils pas les mêmes but ? Soulagement du corps, des tensions, pour un peu de plaisir et de détente ? Bah, de quoi on se mêle ?

Dans ce cadre là, oui, bien sûr, je trouverais indispensable que les handicapés puissent accéder à ce service, bien sûr, pourquoi pas mettre en place des formations ou sensibilisations au handicap. Mais tant que la prostitution est interdite, je me battrai pour qu’elle le reste aussi pour nous.

Ah oui parce qu’en plus j’ai oublié de vous dire, mais dans l’assistance sexuelle prévoit d’exclure la pénétration de ses prestations. Genre on te chauffe bien et salut. Oui ben PARDON, mais moi si je fais appel à un escort boy c’est pas pour jouer à la dînette. J’ai même lu un assistant sexuel qui déclarait « Mais je les laisse JOUER avec mon pénis ». Et certains se battent pour accéder à ça, maaan dieu.

 

– L’autre chose qui me dérange profondément, c’est ce que va retenir le valide lambda de toute cette histoire. Quand je pense à ça, ça me fait plutôt honte, et je sais que je ne suis pas la seule à ressentir ça. Pas la honte d’avoir des désirs sexuels, bien sûr. Mais la honte qu’on puisse imaginer que ça serait la panacée pour nous.

Déjà, le valide lambda, bercé de charité chrétienne va se dire « Oh, je suis pas trop pour la prostitution, mais quand même les pauvres, ils n’ont déjà pas une vie facile, est-ce qu’on peut leur refuser ça ? Allez, on va faire un geste, ça leur mettra du baume au coeur ». Oui, je le connais pas mal le valide lambda, il dira ça. Et une fois qu’il aura dit ça, évidemment il ira se coucher avec sa bonne conscience, et ne se demandera toujours pas pourquoi il ne drague pas cette meuf en fauteuil méga bonne.

Ensuite le valide lambda, qui n’avait jamais même imaginé pouvoir coucher avec un(e) handi(e) découvre directement que « ouhlala, ça a l’air compliqué de toucher un corps handicapé, on risque de leur faire mal, de les casser, puisqu’il faut un formation spécifique pour ça ! »… Ah là forcément, ça va lui donner super envie de me draguer, au valide lambda. (oui, la meuf en fauteuil méga-bonne sus-citée, c’était potentiellement moi:-)) Alors ouvre tes écoutilles et regarde moi bien, valide lambda : Il n’y a absolument pas besoin de connaître la génétique pour me baiser, je te montrerai. C’est la seule chose que tu dois retenir de tout ce tintouin.

Et si les handis et leurs grosses assos dépensaient leur énergie à promouvoir ce message, plutôt que l’établissement d’un « service sexuel adapté », ben CA, ça ferait avancer le schmilblik. Parce que là, si ce projet passe, pour une poignée d’handis soulagés sexuellement (enfin à moitié, je le rappelle), c’est des millions d’handis qui devront lutter encore plus fort contre les préjugés qui auront été renforcés par ce « privilège ».

 

Voilà. Merci d’essayer de nous aider, mais on va vous apprendre à mieux nous aider, bisous.

 

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Blessures

J’y croyais vraiment moi. Je croyais vraiment que ça allait être un grand et beau moment, même si bien sûr il y aurait des râleurs. Loin d’être la seule, c’est une des raisons qui m’ont fait choisir Hollande. Il s’agissait quelque part de s’excuser humblement pour toutes les saloperies dramatiques que les homos ont pu subir ces derniers siècles, de réparer quelque chose, de dire « désolée que ça vienne seulement maintenant, on a été con mais c’est du passé ». Enfin une loi qui allait prôner l’égalité plutôt que de diviser. Hé ben mon cochon…

 

Femme, handicapée, pas très riche, je ne suis pas forcément du côté « dominant » de la société. Mais j’ai la facilité d’être née blanche et hétéro, et j’en ai conscience. Je ne crois pas avoir fait preuve un jour d’homophobie, tout au plus des maladresses probablement, mais avec l’effort de faire au mieux. Je porte pourtant ma part du fardeau d’hétéro-normativité. J’aurais sûrement pu faire beaucoup mieux que « ne pas être homophobe », ouvrir un peu plus ma gueule, protester, dénoncer. Je peux rien pour la plupart des connards qui ont défilé dimanche, mais quand même, depuis ma situation confortable, je ne peux que me sentir concernée.

 

Depuis quelques semaines, je lis et entends des horreurs et je me décompose, je tremble de partout, et je chiale, oh oui je chiale beaucoup. Je ne découvre pas l’homophobie, je savais bien qu’elle existait, mais dans ma petite bulle je n’y étais pas directement confrontée. Voir cette parole nauséabonde se libérer, totalement décomplexée, c’est tout autre chose.

Je tremble en me disant « pourvu que mes potes LGBT ne tombent pas là dessus ». Bien sur qu’ils voient tout ça, bien sûr qu’ils y perdent un paquet de plumes. Chaque jour, je les vois encaisser, plus ou moins bien. Plutôt mal en fait. Ca se fissure de partout, même les plus solides, les plus assumés, affirmés, détachés… Ca rit jaune, ça ne rit même plus du tout, ça saigne sévère. Des blessures indélébiles. Je constate ça concrètement, au jour le jour, et je rechiale un bon coup.

 

Je ne sais pas quoi faire. Je crois que je voudrais sauver le monde, et que tout le monde s’aime, mais il paraît que c’est pas possible. Et j’ai beaucoup de mal à renoncer à ça. Je perds foi en plein de choses (pas Dieu hein, ça c’est fait depuis longtemps, mais l’avenir, l’humain, la discussion, l’idée même de faire des gosses dans ce monde de merde) Je tourne en rond sans savoir que faire. Un deuxième clip serait dérisoire. Je vais à toutes les manifs possibles, je racole un max, je fais tourner les liens importants jusqu’à écoeurement. Ca fait une semaine que je rumine cet article sans trouver les mots nécessaires. Tout ça aussi est dérisoire.

 

Je voulais juste vous dire combien je suis désolée.

 

 

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2013 année balèze

 

Et voilà, hop hop hop, une de plus !

 

Je suis contente de 2012. C’est loin d’être ma meilleure année, mais elle avait commencé à plat ventre, et finit dans la légèreté. 2012 aura été une année blanche, entre parenthèses, nécessaire. Lente et difficile reconstruction, grain de sable après grain de sable, ponctuée de rayons de soleil. Quand j’annonce que je vais enfin mieux, je réalise que bien peu de gens ont saisi combien ça n’allait pas. Peu importe, je crois bien que c’est du passé.

Cette année j’ai digéré l’absence de la Fille Aux Craies. Il m’aura fallu un an et un mois, pour repenser à elle avec émotion ET sourire. Je crois que j’ai aussi mis au placard une bonne vieille dépression sournoise de quelques années. Je crois.

Alors à ceux qui vont mal, j’ai envie de vous prendre dans mes bras, et de vous dire que ouais putain, c’est dur, mais qu’on va vous tenir la main (la stratégie du coup de pied au cul me hérisse), et trouver plein de moyens d’aller mieux, ils existent, ça prend juste du temps…

 

2013, je suis prête, je t’aime déjà.

Je ne liste pas de résolutions, mais mes envies. Putain j’ai des envies.

Je n’ai pas d’attentes, j’ai des projets. Moi des projets, ce mot qui me foutait des suées froides depuis plusieurs années maintenant…

 

Je vous souhaite la même chose qu’à moi : Continuer à avancer. Et se marrer, beaucoup.

 

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Avent jour 20 : Lettre au seul survivant de l'apocalypse

Salut à toi, survivant de la fin du monde,

 

Bon, je t’écris 1h avant le 21 décembre, parce que je ne sais pas trop à quelle heure les festivités sont prévues demain, ni comment tout ce bordel va se passer (J’ai pas vu le film 2012), si internet est parmi les premier à mourir, ou bien si on pourra twitter nos morts jusqu’au bout. (j’espère, LT ce genre d’événement c’est l’occasion idéale de récupérer un max de followers!)

Déjà je m’excuse. Si tu es survivant, c’est peut-être que tu viens de passer 2 jours dans un bunker grâce à tes réserves, contrairement à nous qui nous sommes bien foutus de ta gueule. Oui mais au moins on sera morts en se fendant bien la poire alors pas de regret, merci à toi pour le divertissement !

Maintenant, je veux pas dire mais si t’es tout seul, c’est toi qui va moins rigoler pour les quelques décennies à venir. J’espère que tu as quelques notions de jardinage pour subsister, et qu’une bibliothèque ou deux n’aura pas brûlé. Si tu t’ennuies encore, je te conseille le logimage, c’est très addictif et bien plus ludique que le sudoku.

Voilà voilà, ben écoute, t’as gagné, bravo bravo, nous on batifole au paradis, rejoins nous quand en auras marre de savourer ta victoire hein !…

(Bon ok, si vous êtes quelques-uns, je vous envie CARREMENT, reconstruire toute une société sur une table rase, quel pied…)

 

Amuse toi bien, heureux survivant,

 

Bisous

 

 

Céline

 

 

PS : si tu as survécu et que tu me lis, on ne sait jamais tu devrais laisser un commentaire, si ça se trouve je suis aussi en vie dans mon coin. Je ne suis pas complètement foutue, on pourrait faire plein de bébés et repeupler l’humanité ! o/ (#perdpaslenord)

 

 

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Avent jour 16 : Lettre aux manifestants pour le mariage pour tous

 

(Les opposants, ils vaut mieux que je ne leur écrive pas, je deviendrais mauvaise)

(Et de toutes façons, ceux-là ne me lisent pas. Quoique, j’ai bien eu un passage d’ultra-cathos la semaine dernière…)

 

Bon les loulous, vous avez eu chaud aux fesses.

Hier, j’ai failli écrire une « lettre aux manifestants déserteurs », toute dépitée que j’étais suite à vos absences répétées. Parce que la semaine dernière face aux cathos-réacs, on s’est senti bien seuls et désarmés. On a crié plus fort mais c’est pas pareil. Et hier, à Metz, pour réclamer l’égalité, on était à nouveau bien peu nombreux, ça donnait un peu envie de chouiner.

Alors je ruminais ma lettre du jour pour vous remonter les bretelles, mais j’ai pas pu me mettre à mon clavier avant de tomber de sommeil.

Aujourd’hui je suis restée chez moi, accrochée à BFM (et ses insupportables conneries sur Depardieu) et à twitter. Vous êtes où, vous faites quoi, et surtout VOUS ETES COMBIEN ? Petit à petit, le soulagement. La foule est là, joyeuse et motivée. Vous échappez à ma terrible sentence, et j’ai même envie de vous faire de gros câlin.

N’empêche que les Lorrains ont plutôt intérêt à se bouger l’arrière-train à la prochaine occasion, parce que c’est bien beau de liker/partager/retweeter mes statuts ou notre clip, il y a une différence qui ne se fait que dans la rue. Venez juste une fois voir les autres défiler, vous comprendrez l’urgence. Demandez un peu à vos potes LGBT ce qu’ils se prennent dans la tronche. Jetez un œil sur cette remontée fulgurante de l’homophobie, autorisée par la parole des Boutin et autres Barjot.

 

Je ne suis vraiment pas à concernée de tout près, et pourtant je suis remontée comme jamais.

Pour la question des retraites, il y a deux ans, vous étiez plusieurs millions dans les rues. Ca me paraissait totalement surnaturel, et je n’ai pas pensé une minute à vous rejoindre, même si je vous rejoignais sur le fond. Manifester pour du fric, quelle idée. Si on réduit mes moyens de moitié, je ferai circuler l’info, contacterai des personnes clés, mais manifester, vraiment, quelle bizarrerie pour moi.

Aller crier dans la rue pour des valeurs, en revanche, c’est un réflexe vital, je ne me sens jamais aussi vivante, humaine, que quand il faut défendre nos fondements. On me parle d’égalité, de droits de l’homme ? Passe moi le mégaphone que je gueule un coup. Vous n’étiez que 500 hier à Metz ? Je suis bien capable d’aller à Paris pour la prochaine manif, le 27 janvier. Alors soyez gentils, venez, il est un peu lourd ce mégaphone. <3

 

Alors bisous et A BIENTOT ^^

 

 

Céline

 

 

 

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Avent jour 14 : Lettre à Ronald McDonald

 

Ronald,

 

Je n’ai rien oublié. Rien.

C’était une douce soirée de septembre 1984. Bon ok je n’en sais rien, j’ai oublié la date, mais PAS LE RESTE. Nous étions dans un de tes savoureux restaurants où l’on mange des frites et des trucs exotiques, j’avais pas 5 ans alors forcément, t’avais tout pour me plaire. ET POURTANT.
On était en famille, et puis il y avait aussi, euh bon ok, ça non plus je ne m’en souviens plus, mais toi, enfoiré de clown bidon, je ne t’ai pas oublié. On était tranquillou à table, je venais de recevoir de la nourriture inconnue, oh, dans une petite boîte en simili-polystyrène brun, j’étais fascinée. Toi aussi tu étais fasciné, tu venais de voir une si petite fille, en fauteuil roulant, c’était si triste, alors tu as voulu venir lui mettre du baume au cœur ! Alors tu es venu me voir « Bonjour petite fille, blablabla, baratin-baratin » et pirouette. Sauf que ce que tu n’as pas percuté c’est que TOUS les passants à cette époque étaient fascinés de voir une si petite fille en fauteuil, et que ce qui me mettrait du baume au cœur, ça serait juste qu’on me foute la paix ! Alors j’ai pas desserré les dents, et tu as dit « Elle est un peu timide hein ? » et pour soigner la petite fille triste et timide tu as trouvé ça cool d’aller me chercher un ballon, et de revenir me l’offrir avec moults simagrées, ce qui a fait bien bien plaisir à tous les gens attablés autour, puisque ça leur a donné un excellent prétexte pour observer la si petite fille en fauteuil sans scrupule. Allez remballe ton Big Mac Ronald, j’ai plus trop trop faim.

Si ce n’était que toi. Mais peu après, des pseudo-gypsy-kings m’ont refait le coup. Père noël dans les magasins, Tic et Tac à Disney, c’est inratable, faudra m’expliquer pourquoi TOUS les guignols déguisés se ruent furieusement sur les handis, la psychologie c’est pas trop votre fort hein ?…

Allez, avec rancune,

Bisous

 

Céline

 

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Avent jour 13 : Lettre à mon banquier

 

Cher banquier,

 

Je vais bien, merci de cesser de te préoccuper pour moi. Cesse aussi de vouloir me donner ton avis sur ma gestion des choses, cesse de m’appeler tous les ans pour me rencontrer, évaluer ma situation, et me « proposer des produits ». Tous les mois je reçois 850€, tu les mets dans une boîte, ou même DTC, peu importe du moment que tu me les rends quand j’en ai besoin, par le biais de la carte bancaire que tu me fournis ET c’est tout.

Cher banquier, je ne suis pas riche. J’ai beaucoup apprécié le comique de ton speech m’incitant à mettre de côté 50€ par mois de façon automatique pour pouvoir « me faire plaisir de temps en temps, un ciné ou un resto ». Mais je t’avouerai que pour ça, ben autant les laisser sur mon compte courant, pour le courant non ? Alors dis moi, tu aurais touché quelle commission pour avoir fait autant de forcing ?

Cher banquier, je ne suis pas pauvre non plus. Oh je ne t’intéresse sûrement pas, ne te ferai pas gagner grand chose, officiellement je suis sous le seuil de pauvreté, et pourtant j’ai conscience d’être bien privilégiée par rapport à d’autres. Parce que ça m’arrive de regarder ce qui se passe hors de nos frontières, et j’ai le vertige en voyant la répartition des richesses dans le monde, et en France on a quand même le cul bordé de nouilles. Combien de voitures par ménage, combien d’écrans plats, de smartphones, de vacances par an ? Je ne sais pas d’où sortent ces 48% de Français qui se considèrent pauvres, pardon mais je crois qu’il y a du caca qui leur brouillent la vue. J’ai un toit sur ma tête. J’ai toujours de quoi manger. J’achète rarement des aliments « de marque », mais je me fait plaisir (et conscience) sur du bio de temps en temps. Pour ça, je cuisine beaucoup moi-même, j’accommode toujours les restes, j’évite le gâchis, je mange très peu de viande je profite au maximum de mon bout de jardin pour produire de la nourriture, je récupère le surplus des voisins… Zéro frustration alimentaire. Etre logée et nourrie convenablement, soignée grâce à notre système de santé, c’est ne pas être pauvre. Je pars en vacances ou week-end plusieurs fois dans l’année (souvent chez des amis), je commande des sushis au moins une fois par mois, j’invite des gens, offre des cadeaux, achète des livres, j’ai un accès sans borne à la culture avec internet. Je suis juste une piètre consommatrice. Je n’ai aucun plaisir à acheter un truc neuf, par contre, quel kiff de réparer et redonner vie à une vieillerie. Ah oui, pire encore, je revends rarement les choses dont je ne me sers plus, je les DONNE. L’antéchrist quoi.

Voilà cher banquier, on a plus grand chose d’autre à se dire. Je te souhaite de joyeuses fêtes, avec plein de clients consuméristes, capitalistes, aux dents longues, et même endettés, ça fera davantage tes affaires.

 

Bisous banquier !

 

 

Céline

 

 

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Avent jour 12 : Lettre à mon futur neveu

 

Salut à toi mon futur neveu.

 

Ah « futur neveu » ça a de la gueule hein, mais que veux-tu, tes parents font une honteuse rétention de prénom, alors pendant encore deux mois, tu seras « le futur neveu ». Je veux pas cafter mais pour les arrière-grands-parents, tu es « le petit Russe », c’est pas beaucoup mieux hein ? Ouais ben débrouille toi avec tes vieux qui ne nous donnent rien à nous mettre sous la dent.

Alors voilà, j’ai de la chance, j’ai un frère. Maintenant j’ai de la chance, j’ai aussi une belle-soeur. Et bientôt, encore plus de bol, je vais t’avoir, futur neveu. Retiens bien ça, et dès que tu sauras parler, n’hésite pas à me rabâcher cette chance. Parce que là, t’es vachement lointain et abstrait au fin fond d’un ventre au fin fond de la Russie, et je suis surtout en rogne de n’avoir le droit de te voir qu’une fois par an, de te rencontrer seulement à tes 4 mois, et de louper 99% de ton évolution.

Alors que c’est con, juste j’ai de la chance, je pourrais ne rien avoir de vous 3, ok ?!

La frustration pèse pas mal, mais je te rassure, je sais que ça ira carrément mieux quand tu seras assez grand pour qu’on cause playmobils tous les deux !

Allez bisous l’Anonymous, et à + ou – bientôt !

 

Tata (Nan c’est naze, MOI j’ai un prénom alors appelle moi Céline, merci!)

 

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Avent jour 11 : lettre de motivation pour être embauchée chez moi

Céline, (Permettez que je vous appelle Céline, on se connaît bien vous êtes moi, vos lecteurs sont décidément bien taquins) (Par contre je vous vouvoie, c’est quand même une lettre de motivation, faut pas déconner)

Je viens de tomber sur votre annonce qui semble étrangement correspondre à mes attentes. En effet, je n’ai pas pour vocation « d’aider mon prochain » ou de sauver le monde, la veuve ou l’orphelin, mais je vous avouerai que l’utilité de ce métier au sein de la société me semble plus concret que celui qui consiste à assembler des big-macs.

Je pense pouvoir répondre parfaitement à vos attentes. Des décennies de pratique m’ont dotée d’un doigté particulièrement fin dans la manipulation des playmobils, je pratique suffisamment le jardinage pour savoir distinguer les pissenlits du gazon (ce qui ne semble pas évident à toutes vos recrues), et je tolère particulièrement bien les frigos remplis de fromages odorants.

Je saurai vous donner les coups de mains nécessaires (bon là la fiction devient boîteuse), ni plus, ni mois. Je ne suis pas bavarde, pas curieuse, pas contrariante. J’ai une vie, je cherche juste un emploi.

Je suis disponible puisque j’ai pas de boulot, et comme j’ai jamais dépassé l’Allocation Adulte Handicapé, ce SMIC ça serait Byzance !

J’attends de vos nouvelles

 

Céline

 

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Avent jour 10 : Lettre de menace au Père Fouettard

Père Fouettard,

 

Oui je sais, Saint Nicolas reçoit beaucoup plus de lettres que toi, il est rare que quelqu’un s’adresse à toi. Pour une fois, c’est le cas, alors je te prie d’être bien attentif. Je ne t’écrirai pas deux fois, ceci est la première et dernière sommation.

Père Fouettard, fidèle compagnon noir du Saint Nicolas, les enfants lorrains en ont ras la casquette de se prendre des coups de fouets. Qu’a-t-on bien pu faire pour mériter ta colère, tu crois peut-être que vivre en Lorraine n’est pas déjà une assez sévère punition ? On a le grand froid l’hiver, la chaleur étouffante l’été, la quiche, la Meuse, Nadine Morano, et en plus on nous ferme les hauts fourneaux. Non sans déc, t’as déjà entendu l’expression « ne tirez pas sur l’ambulance ». On est Lorrains, on porte déjà notre croix (de Lorraine, mouarf), merci.

Qu’est-ce que tu crois ? Si je mets en œuvre des plans d’attaque diaboliques pour faire rayonner Saint Nicolas dans toute la France, voire même de par le monde, c’est bien POUR QUE TU TE BARRES AVEC LUI. Cesse immédiatement de persécuter les enfants lorrains, il y a des tas de sales gosses bien plus mauvais que nous sur la planète, alors pars et ne te retourne pas.

Si l’an prochain je te revois rôder dans le coin, je te laisse un peu imaginer ce que je prévois de faire avec ton martinet.

Bisous SM

 

Céline

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