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Avent jour 14 : Lettre à Ronald McDonald

 

Ronald,

 

Je n’ai rien oublié. Rien.

C’était une douce soirée de septembre 1984. Bon ok je n’en sais rien, j’ai oublié la date, mais PAS LE RESTE. Nous étions dans un de tes savoureux restaurants où l’on mange des frites et des trucs exotiques, j’avais pas 5 ans alors forcément, t’avais tout pour me plaire. ET POURTANT.
On était en famille, et puis il y avait aussi, euh bon ok, ça non plus je ne m’en souviens plus, mais toi, enfoiré de clown bidon, je ne t’ai pas oublié. On était tranquillou à table, je venais de recevoir de la nourriture inconnue, oh, dans une petite boîte en simili-polystyrène brun, j’étais fascinée. Toi aussi tu étais fasciné, tu venais de voir une si petite fille, en fauteuil roulant, c’était si triste, alors tu as voulu venir lui mettre du baume au cœur ! Alors tu es venu me voir « Bonjour petite fille, blablabla, baratin-baratin » et pirouette. Sauf que ce que tu n’as pas percuté c’est que TOUS les passants à cette époque étaient fascinés de voir une si petite fille en fauteuil, et que ce qui me mettrait du baume au cœur, ça serait juste qu’on me foute la paix ! Alors j’ai pas desserré les dents, et tu as dit « Elle est un peu timide hein ? » et pour soigner la petite fille triste et timide tu as trouvé ça cool d’aller me chercher un ballon, et de revenir me l’offrir avec moults simagrées, ce qui a fait bien bien plaisir à tous les gens attablés autour, puisque ça leur a donné un excellent prétexte pour observer la si petite fille en fauteuil sans scrupule. Allez remballe ton Big Mac Ronald, j’ai plus trop trop faim.

Si ce n’était que toi. Mais peu après, des pseudo-gypsy-kings m’ont refait le coup. Père noël dans les magasins, Tic et Tac à Disney, c’est inratable, faudra m’expliquer pourquoi TOUS les guignols déguisés se ruent furieusement sur les handis, la psychologie c’est pas trop votre fort hein ?…

Allez, avec rancune,

Bisous

 

Céline

 

Published inVrac

3 Comments

  1. Zig Zig

    Je suis forcément fan. Vécu probablement des dizaines de fois, tu t’en doutes.
    Le clown de Stephen King c’était du bonheur à côté de cette enflure d’intermittent du McDo.

    Allez une scène collector : ma famille me laisse à une table pendant qu’ils&elle vont commander au comptoir McDo, je savoure cet instant de tranquillité loin d’elleux, jusqu’à ce qu’une voix de mec m’interpelle, je me dis « et merde encore le clown qui s’la ramène »… Nope, un type qui m’a offert sa Bible en m’expliquant de long en marge pourquoi la nécessité urgente que je la lise vu ma « situation ». Du catéchisme au McDo, non mais sérieux.

    Mieux : je me baladais avec mon partenaire à Paris, un gars se met à me courir et tressauter à côté de moi, apparemment surexcité) en me répétant « c’est bien fait ! c’est bien fait ! c’est bien fait ! », je lui dis « quoi ?! », « t’es handicapé, tu ne marcheras jamais parce que suivant le karma tu as dû être vraiment très méchant dans ta vie antérieure ! ».
    C’était presque fun s’il n’arrêtait pas de me suivre en continuant « c’est bien fait ! » me pointant du doigt avec de grands éclats de rire. Mon copain d’ordinaire zen n’a pas été loin de le plaquer au sol. 🙂
    Le pire ce con c’est que j’y repense souvent sa théorie. 🙂

    Un autre aux Halles : « vous savez c’est grave ce que vous avez », moi amusé « … que je sois gay, vous voulez dire ? », le type a tout le visage qui convulse « en plus d’être handicapé vous êtes homosexuel, MAIS VOUS ETES SATAN, SAAATAAAAANNNNNN !!! ».

    Les humain-e-s sont formidables. 😉

    z

  2. tidou tidou

    et à presque 30 ans cet été à Annecy un clown m’a encore couru après pour me donner une fleur en ballon alors que des gosses faisaient la queue pour en avoir…
    mon auxiliaire de vie était mdr, mon copain était content donc j’la lui ai offert, moi j’étais -dépitée-

    • Ahah, j’aurais TELLEMENT voulu voir ça, mais TELLEMENT PAS être à ta place ! ^^

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