Vous n’avez pas pu louper cette petite phrase d’Eva Joly, bien sûr. «J’ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé (militaire) par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent»
Je suppose que vous n’avez pas pu louper non plus les hordes de chiens qui ont hurlé au scandale, au sacrilège, et au « retourne dans ton pays, la Norvégienne ». Je ne m’attarderai pas sur ce dernier point, bien qu’hallucinant, il relève d’un autre débat. Mais je ne comprends pas la presque unanimité virulente contre elle. Je veux dire c’est kitch comme pas possible ce défilé de kakis armés, je ne connais personne qui regarde vraiment autour de moi. Et elle a lancé une idée, simplement, gentiment.
On en discute un peu sur twitter, mais ce sujet m’évoque trop de choses pour les fatidiques 140 caractères, alors je promets un article blog. Et finalement je sais pas comment organiser ça pour ne pas me faire trop d’ennemis ^^
C’est parti pour mon ressenti.
* Armée = guerre = violence = j’aime pas *
C’est beau comme un discours de Miss France. Mais réel pourtant.
Plus je vieillis, plus je décide de ne pas tolérer la violence. Violence de toute sorte : physique, psychologique, institutionnelle. (Je n’en ai pas peur, pour moi, mais je suis effarée de voir la place étouffante qu’elle prend dans la société) Or la kalachnikov, c’est les 3 à la fois : ça sert à tuer ou blesser, bien sûr, ça sert à menacer, à effrayer, et pire encore, c’est toléré et même valorisé par l’Etat, la société. Oui, je suis sans doute très primaire dans mon raisonnement, mais tuer quelqu’un c’est un meurtre. Même pour les salauds, on a aboli la peine de mort. Oui mais si c’est un soldat étranger, sa vie vaut moins ? Je sais c’est basique mais je trouve que c’est bon, des fois, de revenir réfléchir à la base des choses. Alors quand un soldat meurt, en Afghanistan, je compatis pour ses proches, qui n’y sont pour rien, mais le soldat a signé un contrat pour faire la guerre et tuer des gens, alors c’est le retour de bâton, c’est les risques du métier. Faire la guerre c’est donner et recevoir la mort, faut arrêter de se mettre des oeillères et faire semblant de le découvrir.
Je sais, les militaires ne font pas QUE la guerre, entre leurs missions ils sont aussi réquisitionnés pour aider les populations en temps que crise, par exemple, ils sauvent des vies. Mais à ce moment là, qu’ils fassent de l’humanitaire, les mains vides d’armes, et j’applaudirai leur défilé.
Je n’aime pas le principe d’obéissance et de respect à son supérieur. Parce que pour moi ce n’est pas le grade qui provoque ça, mais la valeur de la personne. Quand je vois le lavage de cerveau fait aux nouvelles recrues, sous pretexte qu’ils sont nouveaux et inférieurs, je tremble d’effroi. Je voudrais faire réfléchir ces jeunes, mais l’armée leur demande tout le contraire. Même impression que face à l’excès de religion : aucun problème avec ceux qui ont foi en quelque chose, défendent les valeurs associées, mais lorsqu’on attend de la religion qu’elle nous dise quoi manger, comment s’habiller, quel jour manger du poisson, là j’ai du mal. Je ne comprends pas ce besoin de hiérarchie, d’obéissance. C’est certes plus fatiguant de tout réfléchir / décider par soi-même, mais tellement plus épanouissant. Mais je dérive là. 🙂
Je SAIS (je crois ?…) qu’une armée est nécessaire, pour chaque pays, au cas où un méchant voudrait venir nous tuer. C’est déjà arrivé. Alors je ne demande pas l’abolition de l’armée (Eva Joly non plus que je sache) c’est un mal nécessaire, et ça tombe bien, y a pas mal de personnes qui rêvent de s’y engager, il en faut pour tous les goûts.
Revenons à notre France et sa fiesta nationale.
Pour moi un défilé de chars signifie : On est forts. On est plus forts que les autres pays. Pas la peine de venir nous attaquer, on saura se défendre, défendre notre population.
Moi ça ne me parle pas, ça ne résume quand même pas la France. Ca me fait penser à la populace qui se sent terriblement FRANCAISE dès qu’une équipe de foot gagne, et la lapide dès qu’elle perd.
L’unité de la France n’existe pas que par la loi du plus fort.
Je peux me sentir française pour les droits de l’homme, pour la révolution (pas par l’armée, par le peuple, un 14 juillet…), pour la liberté, l’égalité, la fraternité, pour son audace, son évolutivité, son ouverture…
Je veux dire, j’aimerais, pouvoir être fière de ça. Et si la fête nationale pouvait valoriser un peu ces quelques points (et les autres gens qui sauvent nos vies, au quotidien), je considèrerai peut-être ça autrement qu’un simple jour férié.
Et demain, on s’occupera de la Marseillaise ! ^^
(Ca y est, vous pouvez vous déchaîner)
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