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#Roulettesgate : vie et mort d’un appendice inutile

Cher public, si vous ai réunis aujourd’hui, c’est que je fais l’objet d’odieuse calomnie et de sournois sarcasme. J’aurais, dit-on, eu un geste inconsidéré envers d’innocentes roulettes. Coupons court (très court) à toutes ces rumeurs. Il est temps pour moi de rétablir la vérité afin de laver mon honneur. (À la soude un peu caustique)

Attention, l’affaire est complexe et sera donc scindée en plusieurs bouts.

Tronçon 1 : la promesse du renouveau.

Mon fauteuil arrivant en fin de vie, mon fidèle Permo C500VS aux jantes grisonnantes a vaillament soufflé ses 7 bougies, puis s’est éteint, laissant humblement place à son successeur. Il avait fait son temps, fend-la-bise loyal, pas un cliquetis plus haut que l’autre, le p’tit fauteuil dans le mauvais temps.
Il était de ces fidèles destriers qui te grandissent, et te permettent de rester debout, non pas façon miracle, un peu de raison mes amis. Mais plutôt comme ça.

Malheureusement (à mon très humble avis) les concepteurs avaient foiré la conception, et le manque d’ergonomie de ce modèle ne m’a presque pas permis d’en profiter.

Tronçon 2 : Un cadeau empoisonné

Décembre arrive et je trouve au pied de mon sapin un somptueux présent. Permo F5 rutilant. Noir intégral, même qu’il y a l’heure sur le boîtier et un chargeur USB embarqué, haaan ! \o/

La verticalisation ? Les concepteurs ont bien bossé cette fois, ouaye ! Je m’y remets après une longue abstinence avec un intense plaisir, chouettes sensations, c’est booon.

Par contre il faudra juste me virer ces roulettes, là, devant, ça gêne. Mon revendeur pâlit « Ah mais non on ne peut pas, on a pas le droit ! ». Oui oui, lol, je sais ne vous en faites pas je ne vous demande rien, j’en fais mon affaire, j’ai l’habitude.

On parle de ce genre de roulettes disgracieuses, là. (Photo non contractuelle, j’ai pas pensé à prendre une photo des miennes avant qu’il ne leur arrive malheur… Oups, j’espère que je ne vous ai rien spoilé)

Roulettes

Elles servent à assurer la stabilité du fauteuil, particulièrement quand on est debout justement. Mais je les ai dégagées de tous mes anciens fauteuils sans état d’âme ni risque inconsidéré : le fauteuil pèse 200kg, moi 42 (prévu pour en supporter 136), et je ne roule pas debout, je reste posée sur terrain plat. Crash-test à l’appui, on n’arrive même pas à le faire basculer. (La foule lâche alors un grand soupir de soulagement)

Et quand je dis disgracieuses, il s’agit certes de mon âme d’esthète mais surtout : ELLES NOUS EMMERDENT. #esthète

Ces cornes de Belzébuth dépassent outrageusement, dézinguant tout et tout le monde sur leur passage comme des brutes épaisses. Mon revendeur, qui avait commencé par minimiser le problème, me voit évoluer dans mon milieu naturel, me cogner, et reconnaît que, ah oui ça dépasse.

Je me cogne aux coins de murs, je ne peux plus m’avancer assez sous la table, il me manque les 10cm qui me permettaient d’ouvrir ma porte seule (oui 10cm c’est énorme parfois), les gens qui m’approchent se font des bleus aux mollets (peut avantageusement éloigner les relous, mais bon, les autres aussi :-/)… Pour vous faire une idée, amusez-vous à marcher avec des palmes, toute une journée. Si si, c’est amusant. Ah c’est devenu un peu compliqué de monter des escaliers, faire du vélo, approcher de l’évier, attraper vos enfants sans les dégommer ? Oui mais bon c’est é-tu-dié, ça aide à votre stabilité, alors interdiction de les enlever. Voilà.

Tronçon 3 : Criquette a un plan

Dévissons ça.

Ah. On me dit que non, les nouveaux fauteuils sont équipés de CAPTEURS et que si je les enlève, le fauteuil le saura et refusera de se verticaliser. Ambiance bracelet électronique que si tu le coupes la BAC débarque. -₋-

– Mais je les enlèverai de toutes façons alors comment je peux faire au mieux pour éviter de tout casser ?

Lalalala on sait rien on veut rien savoir on a rien le droit de vous dire ! (Mais sachez qu’il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes…)

Bon, tant pis, procédons méthodiquement. Ils sont où ces capteurs ?

Je dévisse la roulette du bout de sa branche : pas de problème, ça marche toujours. Il ne s’agit donc pas d’une détection d’appui au sol. Rien au niveau de la roulette à proprement parler. OK. Il me reste une grande fourche qui se demande encore plus qu’avant ce qu’elle fout sur terre.

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2 options s’offrent à moi. Scier ce qui dépasse (simple mais irréversible) ou aller voir sous le capot comment ça marche et comment dévisser toute la pièce.

Ouaiiiis, désosser et essayer de comprendre un truc, bien sûr que j’ai choisi cette option ! \o/

J’ouvre le capot.

Je vois la barre disgracieuse, sur laquelle est appuyé un piston, un vérin, un bidule, quoi. C’est ça le « capteur » ? Han, ils n’ont pas lésiné, dis.

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Je vois des vis qui tiennent la barre.

Je les enlève.

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Fuck, la barre reste suspendue par un truc. Les yeux de mon auxiliaire sur l’axe me transmettent « C’est pas une vis, non c’est pas non plus une goupille. » Hem ?

Ok, on rembobine, on revient à ce qui aurait été l’étape 1 dans monde meilleur. (Mais on est d’accord que dans un monde meilleur, les fauteuils n’ont pas de roulettes, non ?)

Roulettes2

Je récupère une vue éclatée du bouzin. Sur internet, parce que bien sûr dans les docs qu’on nous remet avec le fauteuil il n’y a pas ça, ça risquerait de nous instruire et de nous autonomiser. Non, notre manuel utilisateur précise juste « Ne roulez pas bourré et ne retirez jamais jamais jamais les roulettes. » Ouais, bullshit.

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Ok, carte du trésor en main, je découvre le concept de circlip (mieux vaut tard). Et j’en profite pour confirmer ce que j’ai observé. C’est un verrin. Actuator RRE 25 + 35 Stroke. Hum, je cherche plus de détails sur son fonctionnement mais ne trouve presque rien.

Ok YOLO.

Tronçon 4 : la boulette

Je défais le circlip, la barre tombe : YEAH ! JE SUIS LIBRE !

Criquette yeah

Le vérin n’est plus en appui. Je frétille d’exaltation. De ce frisson que ne connaissent que les plus grands explorateurs, han.

A priori, le vérin va détecter que la barre n’est plus là et mettre son véto à la vertic. Donc il vaudrait mieux scier les bouts (vu qu’elle est démontée je pourrai faire ça proprement) et remettre la barre centrale comme leurre. #Fourbe
Bon, mais là tant qu’elle est démontée, ça ne coûte rien d’essayer. (QUE JE CROIS -_- ) Si ça se trouve il m’ont fait croire à un capteur croquemitaine juste pour me décourager ? Allez, les grandes découvertes de l’histoire ne se font qu’avec un minimum d’audace…

YOLO.

Test de vertic…

Oui ça marche \o/… Nooon ça marche pu /o\…

Déception.

J’essaye de gruger le vérin capteur avec un leurre, mais non, j’ai affaire à un petit futé, il s’obstine. Jamais sans sa barre.

Bon au moins je suis libérée de mes palmes, je revis. Je ne peux plus me mettre debout mais j’ai plus qu’à scier un bout, remettre, et hop c’est réglé.

Alors je profite d’une visite chez mes parents pour mettre à contribution les outils de pointe du paternel (Oui, oui, je sais, un gros mythe s’effondre là, mais je ne suis pas équipée pour ça, moi, armée de ma petite scie égoïne je ne serais pas allée très loin. Mais si tu veux remédier à ce problème, je ne m’y oppose pas, hein. 0:-)).

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On scie, on remet les roulettes et voilàààà… pas du tout. La vertic continue à se refuser à moi. -₋-

AHEM.

Tronçon 5 : Criquette avoue tout.

Résignée et un peu penaude, je comprends que je vais avoir besoin d’aide. L’essai dans le vide a dû lancer un signal d’alerte « On stoppe tout les gars, la petite a enlevé ses roulettes ! /o\ » et même si je les ai remis (oui partiellement, juste la barre sciée mais chut, le bouzin n’a aucun moyen de savoir ça. (Non, il ne détecte pas le poids, ni l’appui au sol , l’apprentie-chercheuse a testé quasi-méthodiquement, je vous dis)), le logiciel est encore en mode warnings. Il faudrait juste, je suppose, brancher la console de commande et ré-autoriser le mouvement.

Oui, j’avoue que j’ai téléchargé ce qui me semble être le logiciel nécessaire (hoquet d’effroi de la foule) mais sans mode d’emploi (ni câble), je suis tellement adulte et raisonnable que j’ai renoncé (soulagement général).

J’annonce donc timidement à mon chouette revendeur « Il faudrait qu’on se voit, j’ai comme qui dirait bloqué la vertic… »

Criquette lever

Alors oui ce problème récurrent de vertic, là…

– … Euh… Non mais en fait… Gnnn… Vous avez bien compris que c’est parce que j’ai coupé mes roulettes ?…

HAAAAA ! Oh ben ne rougissez pas, de toutes façons vous nous aviez prévenus hein ! 😀

– Je… Gnblm…

Mais qui vous a fait ça ? Vous avez des amis qui s’y connaissent ? Non parce que moi, même pour une amie j’aurai jamais osé ! Quoi, vous toute seule ?! Ohlala, on en a jamais eu des comme vous !!!
Hé Roger, devine ce qu’elle a fait madame Extenso ?!

Quoi ? Non… Attends, me dis pas, elle la fait ?! Oh j’y crois pas, elle l’a fait !

Roger s’esclaffe. Mais vraiment gentiment. Ils comprennent. Ils désapprouvent fermement par principe, mais je vois bien qu’ils comprennent, soutiennent, et je crois que l’idée ne leur déplaît pas tant que ça.

Mais là, conciliants ou pas, de toute façons ça n’est pas de leur ressort, et il faut négocier ça avec la maison mère.

Tronçon 6 : Criquette se fait sermonner

2 types me sont donc envoyés pour faire le point, pour ce problème et quelques autres. Commerciaux hein. Tu t’attends à quoi hé, femme face à 2 hommes, handicapée contre 2 valides, David contre Goliath.

Impassible j’ai entendu les remontrances.

Irréellement zen, j’ai écouté les explications bullshiteuses, mais pas de bol, je connaissais mon sujet mieux qu’eux, j’ai gentiment renvoyé la balle. Morceaux choisis :

Round 1 :

Ah non, impossible de se passer des roulettes : lors de la vertic, les roulettes s’abaissent pour toucher le sol, le fauteuil a besoin d’enregistrer cet appui.
– Comment ça elles s’abaissent ? Mais non, elles sont complètement statiques.
Si si, vous n’avez peut-être pas vu, mais elles s’abaissent très légèrement ce qui fait que le fauteuil vient alors en appui sur 3 points : roulettes + gosses roues + roues arrières. Voilà, donc ça ne peut pas marcher sans ça.
– Mais non… Aucun appui n’est enregistré puisque j’ai quand j’ai dévissé les roulettes ça marchait encore très bien.
Ça marchait ah bon ? Ah… Vous avez eu de la chance…
– Ça n’est pas de la chance : ma seule erreur est d’avoir fait tourné le système à vide, ce qui a lancé un message d’arrêt définitif au programme, sans ça ça aurait marché, non ?
Ah… Peut-être

Round 2 :

On ne pourra pas réparer sans remettre une barre de roulettes et ensuite reprogrammer. Et pour ça il faut renvoyer le fauteuil à l’usine parce qu’il faut tout démonter, c’est TRÊS compliqué !
– Le démonter ?! Mais pas du tout, je l’ai fait c’est très simple !
Vous… Vous l’avez fait ?…
– Oui, ça prend moins de 5 minutes, je vous montrerai .
Ah. Bon. Alors je suppose qu’on est pas obligés de renvoyer le fauteuil, oui, on pourra faire ça ici…

Je suis donc repartie le front haut, et l’honneur propre. Mais toujours aussi assise. -₋-

L’histoire se traîne mais n’a pas encore dit son dernier mot, rendez-vous pour un prochain épisode, final j’espère… En attendant, y en a deux qui se la coulent douce, croyez elles sont bien plus heureuses comme ça…

C9c-ousWAAAGpRE

To be continued…

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One Comment

  1. alounette alounette

    Punaise ils sont terribles les commerciaux… et ils ont l’air assez nul 🙁
    moi je dis que c’est pas mal ton affaire, ton père a réussi à faire un truc pas coupant ? (le délire du fauteuil roulant avec lances).
    Mais du coup ils ont essayé avec le boitier de commande ? Tu n’as pas (par hasard) une combinaison de touches qui permettrait de faire un reset ?

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