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Mois : mars 2017

Femme qui roule, pas vraiment cool

(Tu l’as ?)

Qu’est-ce que je pourrais ajouter à cette journée internationale du féminisme, moi ? (je tente cette formule, dès fois qu’ils finissent par comprendre qu’il est question de droits plus que fête…)
Je suis un peu démunie, je me sens un peu en marge. Parce que quand les copines fightent le patriarcat, moi je suis déjà pas mal occupée à braquer le validarcat.

Guy

Quand les copines se font harceler dans la rue par des dragueurs oppressants, moi je me fais surtout caresser la joue par des vieilles. Et je vous jure que ça vaut sont pesant d’oppression.
Quand elles sont des objets qu’on malmène et qu’on viole, je suis un objet qu’on ose à peine toucher.
Quand elles luttent contre l’exigence du « Sois belle et tais-toi », je combats le « Sois courageuse et souris». #LeçonDeVie #InspirationPorn
Parce que les roues éclipsent les talons hauts.
Parce que le validarcat préfère que tu t’habilles « pratique » que sexy. (Vous n’imaginez pas comme le marché du survet’ est florissant dans les centres spécialisés, les soignants a-dorent.)
Quand les femmes doivent encore prouver leurs compétences pros 2 fois plus qu’un homme, on considère ton apport au monde de l’emploi comme « Oh tu as un petit travail c’est bien, ça t’occupe».
Quand les femmes subissent l’increvable pression sociale à devenir mère, il règne un silence plombant quand j’évoque l’hypothèse saugrenue.
Quand elles cherchent un gynéco safe, intelligent, je dois déjà, en plus, en trouver un accessible.
Parce que si tu n’es pas en mesure de faire le ménage, la couture, te lever la nuit et torcher les enfants, gnnn, c’est quand même compliqué de voir en toi une femme.

Si on se compare nos oppressions, bon ça me donne moyen envie de revendiquer ma féminité, j’ai déjà de quoi faire, merci.

giphy

Mais évidemment, tout ça ne s’annule pas, tout ça se cumule.

Quand la parole d’une femme est moins écoutée que celle d’un homme, la parole d’un valide dominera tout autant celle d’une personne handicapée. Mansplaining + Validsplaining = t’as intérêt à avoir la voix qui porte.

Quand les femmes ont peu de choix entre incarner la figure de la maman et celle de la putain, on vit un peu le même grand écart entre invisibilité de nos sexualités et hyper-sexualisation, fantasme, exotisation.

Quand on refuse encore aux femmes le droit à disposer de leur corps (avortement, habillement, poils, prostitution, sexualité…), imaginez un peu comme on nous dépossède des nôtres sous prétexte de les soigner, cadrer, rééduquer…

Parce que le mouvement #BodyPositive manque encore de #DisabledAndCute.

Parce que Lidl va m’offrir une rose et une culotte à moins 50 % si je vais faire mes courses aujourd’hui, comme le Téléthon m’offrira sa pitié sans chercher à comprendre que c’est PAS ce qu’on demande.

Parce que si on ne m’a pas projetée, gamine, dans l’idée de devenir une fâme, on m’a quand même insidieusement fait jouer aux Barbies (heureusement que je pouvais piquer les voitures de mon frère), on m’a dite coquette (quand j’en avais pourtant rien à battre), fait devenir littéraire (malgré mes bons résultats en maths). Rendue douce et soumise. Ah non c’est vrai, leur plan a capoté. 🙂

Je ne me suis jamais beaucoup identifiée femme, et leur compagnie me désintéressait un peu. Ça ne me parlait pas, je ne cadrais pas. Comme pour un tas de sujets importants, c’est sur twitter que j’ai commencé à froncer le sourcil en les regardant.

Il y a celle qui répare des vélos, celle qui soigne, celle qui fait du pinard, celle qui recherche, celle qui tatoue, celle qui danse, celle qui filme, celle qui écrit, celle qui dessinait avec des craies. Celle qui allaite, celle qui avorte, celle qui est née garçon, celle qui a un voile, celle qui a des poules. Celle qui danse, celle qui jure, celle qui prie, celle qui a une épouse, celle qui a un amant, celle qui en a mille, celle qui éduque. Celle qui court, celle qui milite, celle qui disait fuck. Celle qui chante, celle qui boit, celle qui joue à WOW, celle qui signe. Celle qui console. Celle qui flambe. Celle qui légifère, celle qui plaide, celle qui fait le tour du monde.

La fâme, cette hydre à mille têtes. Elles ne se ressemblent pas, et je m’émerveille de ce que la féminité, ça peut être tout ça. Et plein d ‘autres trucs encore.
Je les admire, je m’en nourris.  Je m’émerveille de leurs intelligences. De leur audace. Et je ris, qu’est-ce qu’on se marre.

Ces nanas badass et bigarrées me donneraient même envie de jouer avec cette notion, ces codes, cette imagerie.

Alors pour elles, je suis quoi moi, dans le patchwork ? Celle qui roule ?
Peut-être oui, entre autres, multiple comme elles toutes.

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