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Non, la dépression saisonnière n'est pas un petit blues hivernal, connard.

 

Bon j’ai pas forcément envie de venir chouiner sur ma vie, mais si ça peut avoir une utilité, bon allons-y.

Pour rappel, il y a deux ans, j’ai identifié et combattu une bonne petite dépression saisonnière (qui sévissait en fait depuis plusieurs années mais de façon moins handicapante) à coup de millepertuis et luminothérapie. Alors l’an dernier j’ai pas lésiné sur ma lampe adorée et l’hiver a glissé comme dans du beurre, tout juste un petit coup de mou très commun.

 

Alors cette année j’étais confiante, j’avais un moral d’enfer, une vie qui me plaisait bien, et ma lampinette toujours à portée de main.

En novembre j’ai été fatiguée. Bah normal, la préparation du festival m’avait pris pas mal d’énergie, alors hop, repos bien mérité.

En décembre, j’ai compris que ça n’était pas de la fatigue, et que la tornade revenait me dévaster. J’ai compris ça quand je suis devenue allergique à tout contact humain. Même avec des gens que j’adore hein, les discussions, devenaient un supplice. Ecoutant toute souriante en serrant les dents (on ne se refait pas), dans ma tête ça criait « AAAAAAAAAAAAAAAAAH ». Je vous jure, c’est une expérience assez étrange et incontrôlable. Des fois ça criait même « TaGueuleTaGueuleTaGueule » (Fun fact : ça ne marche pas). Une fois même, je me suis imaginée prendre un bazooka, buter tout le monde, et moi après, quelle classe ! Non, pas classe du tout, je me suis estimée heureuse de ne être valide et à portée d’une arme.

Alors tout allant un peu ensemble, je me suis mis à dormir mal, ruminer, insulter à tout bout de champs les objets (parce qu’il me restait un minimum de lucidité, les vivants ne m’avaient rien fait), et penser à mourir environ 20 fois par heure, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps pour penser à autre chose. Ça tombait pas si mal parce que de toutes façons je n’arrivais plus du tout à penser. Cerveau hors service. Je passais beaucoup de temps sur twitter, c’est bien 140 caractères, c’était à ma portée, mais dès que je cliquais sur un lien qui me semblait drôle ou intéressant, s’il faisait plus de 5 lignes, je devais rebrousser chemin. Je n’exagère pas, je ne POUVAIS PAS, je ne comprenais pas.  Même ma vieille amie Vodka ne m’apportait plus cette douce ivresse apaisante mais me plongeait encore plus dans les ténèbres.

Alors en janvier, à bout de souffle, j’ai dit stop, j’ai tout débranché, je n’ai plus vu personne. Mentalement prostrée, je voyais bien les messages de bonne année puis de bon anniversaire arriver, mais impossible d’y répondre. Tétanisée, paralysée. J’ai vu des gens qui allaient mal que j’aurais voulu réconforter, des gens qui allaient bien que je voulais féliciter mais non. Abonnée absente.

Et puis un jour, sans plus de raisons que quand c’était arrivé, tu te réveilles un peu plus facilement le matin. Quelques jours plus tard, tu te dis que tiens, t’as pas beaucoup pensé à mourir aujourd’hui. Un autre jour tu reprends ce texte sur lequel tu butais, et ô magie, tu re-comprends. Et puis tu lances une invitation, en tremblant, et ça ne crie «pas « ta gueule » dans ta tête, tu ris même un peu. Sensations magiques. Un peu comme quand tu sors d’un gros rhume et que tu respires à nouveau par le nez. Sauf que c’était pas un gros rhume et que c’est mon cerveau qui était plein de morve.

Et puis un autre jour, tu commences à en avoir ras le cul de pas comprendre, mais tu trébuches et tout est à refaire, marche après marche. J’en suis à peu près là et putain c’est dur. Le handicap c’est tellement bidon à côté, le jour où ils feront un téléthon pour lutter contre les dépressions, là j’applaudirai des deux mains. Je sais que dans quelques jours ou quelques semaines, ça sera passé, et je redeviendrai un bisounours. Mais c’est long, j’en peux plus de pas être moi.

Je veux comprendre.

Alors déjà, j’ai quand même fait 3 ans de psycho et je suis la première à me remettre en question, chercher des causes psychologiques. Je sais un peu ce que ça fait d’aller mal parce que ta vie va mal. Mais là c’est radicalement différent, j’ai la certitude que le déclencheur est un truc purement interne, biologique (après bien sûr les circonstances modulent l’ampleur du truc). Je crois dur comme fer à cette histoire de dépression saisonnière. Je me fous qu’il fasse moche en soi, mais juste ça détraque mon organisme et ça c’est fâcheux. Sauf que quand j’essaye de faire plus de recherches, je ne tombe que sur des doctissimo et compagnie qui me redonnent de sévères envies de meurtre quand je lis que la dépression saisonnière, c’est quand on a un peu le blues en hiver, et qu’on a qu’à manger du chocolat ça ira mieux. Connard. Alors j’ai essayé les forums, pour trouver des gens qui vivraient le même genre de calvaire mais ces forum sont encombrés de gens qui pensent que « dépression saisonnière » veut dire « déprime passagère » et viennent raconter leur peine de cœur.

Les publications sur ce thème sont rares, elles témoignent que le lien avec la lumière est avéré, mais qu’on ne comprend pas encore trop pourquoi (Et vous CHERCHEZ pourquoi, au moins, connards ?!) (Pardon, je suis encore un peu à cran). Peut-être que les publications anglophones sont un peu plus riches, mais mon cerveau plein de morve les regarde comme une poule regarde un couteau.

Alors j’ai essayé de me pencher un peu sur le processus de synthèse des neurotransmetteurs, mes neurones ont fort grincé sur la chaîne triptophane – 5HTP – Sérotonine – Mélatonine, je ne suis pas sûre d’avoir encore tout compris, ni de savoir comment booster tout ça.

Et puis pourquoi je m’en suis bien sortie l’hiver dernier et pas cette année, alors qu’objectivement je vais mieux ? Est-ce qu’il y aurait un autre facteur que la lumière ? J’ai tout passé en revue, je ne vois pas. Une intolérance alimentaire ? Je suic prête à me nourrir exclusivement de salsifis s’il fallait, mais je vois pas d’aliment que je ne mangerai qu’en hiver, et je n’ai vu aucun cas où la dépression soit l’unique symptôme. Dans le doute je mange sain, équilibré, bio et tout, oméga3, magnésium et compagnie, zéro risque de carence. Effet secondaire de médicament ? Pareil, rien de nouveau ni de saisonnier, mais dans le doute j’arrête tout ce que je peux arrêter. Je me suis même demandé si l’amyotrophie spinale qui nique mes neurones moteur ne pouvait pas brouiller aussi les messages là haut mais ça serait capillo-tracté. La tumeur au cerveau ? Bien sûr que j’y ai pensé ! 🙂 Mais je crois pas qu’on me fera passer un scanner parce que j’ai un coup de mou.

Et même si je ne comprends pas la source du problème, je cherche comment doper tout ça. Pour passer cette période en douceur (et être encore plus armée l’hiver prochain), je suis prête à tout tenter, sophro, drogue, religion, homéopathie (non je déconne), ou même ces clubs de thérapie bizarres ou les gens se rendent ridicules en se forçant à rire. Témoins de Jéovah bienvenus.

 

Voilà, désolée pour le déballage, mais si ça peut me mettre en contact avec des gens qui connaissent ce phénomène, ça vaudra le coup.

Et pardon pour tous les gens que j’ai pu délaisser ces derniers temps, voilà un peu le contexte.

Bisous.

 

 

Published inVrac

8 Comments

  1. Noname Noname

    Une solution radicale et toute simple : partir six mois en vacances dans l’hémisphère sud… Bon ok je sors :-/

    Plus sérieusement, j’ai atterri sur ce blog par le plus grand des hasards, je suis tombée sous le charme de votre/ta* façon d’écrire et je viens de tout lire en 48h. Je suis définitivement fan !

    * oui, vu que je viens de tout lire, j’ai l’impression de TE connaitre… Désolée pour tant de familiarité !

  2. valerie valerie

    J’aurais du mal à donner quelques pistes, j’ai eu ce type de problème il y a deux ans, je me sens mieux, juste un peu la trouille que ça recommence. Chez moi la fatigue est le déclencleur. Dès que je tire trop sur la corde je sens que je commence à sombrer alors j’évite de me surmener. Tu as parlé d’un festival que tu as préparé et qui t’as fatigué, c’est peut-être “le déclencheur”.

  3. Gainsbourgette Gainsbourgette

    J”ai ni ton courage ni ton talent pour tout déballer sur le net, mais envoie moi un MP sur FB et on se cale un RV pour échanger de vive voix ?
    En tout cas, dommage que le sujet soit plombant, car ta prose est toujours un régal pour moi.
    Amicalement,

  4. D’être capable de l’écrire c’est sans doute déjà un peu signe d’aller mieux, non ?
    (tu peux me traiter d’optimiste béate)

    Je n’ai pas d’idée de solutions, je ne connais que ce qu’on appelle de nos jours dépression réactionnelle à la suite de ruptures subies et deuil et graves maladies de proches bien-aimés, ce genre de choses. Je peux dire qu’alors le shiatsu m’a fait un bien fou (alors que je suis assez imperméable à la théorie du truc), voir une psychothérapeute (mais au fond plus pour éviter de peser sur mon entourage que pour autre chose, et à présent c’est pour l’écriture qu’on se voie) et me libérer de tout ce que je faisais par sens du devoir (entre autre vis-à-vis de ma famille d’origine) et qui me pesait.
    Je sais aussi que le surmenage (par exemple la préparation du festival) peut induire des états de fatigue tels qu’on ne s’en débarrasse pas comme ça juste en récupérant du gros de l’épuisement et qu’à force de se sentir mal parce que sans énergie on peut sombrer. Le peu de luminosité de l’hiver n’aide pas.
    Peut-être faut-il faire confiance au printemps ? (dit celle qui se débat avec une sorte de syndrome sournois d’hibernation, mais pas désagréable simplement problématique car il n’est pas prévu qu’un(e) adulte dorme autant qu’un enfant petit)

  5. Je connais plusieurs personnes qui sont allées vivre dans les pays nordiques (Norvège etc…) pour raisons professionnelles. Ils n’ont pas supporté la “nuit nordique” (jours TRES courts les 6 mois d’hiver), totalement déprimante, malgré les lampes de luminothérapie. Ils n’avaient qu’une hâte… rentrer en France….Et certains on négocié leur retour prématuré avec leur entreprise.
    Par ailleurs le taux de suicide dans ces régions-là compte parmi les plus élevés au monde…

    Alors sans doute qu’il peut y avoir d’autres facteurs associés qui te rendent plus “fragile” à cette période de l’année. Mais l’absence de lumière, si elle ne peut tout expliquer, contribue à des états dépressifs.

    Est-ce que tu sors à l’extérieur suffisamment ?

  6. Cat Cat

    J’allais dire exactement la même chose qu’elifsu : pourquoi ne pas voir un psychiatre ? Tu ne peux pas rester comme ça tous les hivers. Et la dépression même saisonnière, c’est toujours une dépression, donc le recours à un psychiatre paraît logique. Bisouxxx

  7. Question bête, mais tu as pensé à voir un spécialiste du sujet (psychiatre) avant de t’orienter vers les témoins de Jéhovah ? Et puis l’homéopathie, je trouve ça assez dommage de s’en priver quand ça marche 🙂

  8. Jeepy Jeepy

    bonsoir Céline….

    Je ne connais que trop ce nuage épais qui gangrène le quotidien… il s’appuie sur nos faiblesses…. c’est comme un niveau d’inondations, on croit que ça ne franchira pas la ligne, et on ne peut rien y faire, on constate, on subit…
    C’est une sorte de jeux de niveaux, où celui le plus haut prend la main, même si les autres existent, et c’est épuisant.
    C’est épuisant d’avoir dans sa tête le “bon sens”, l'”envie de”, le “savoir-faire”, et de se retrouver cloué, quasi impuissant, sans avoir les moyens de répondre à l’envie que l’on a, et qui est de toutes façons mieux…. une estouffade.
    Quoi-je-fais ? je subis-je, mais ne me renie pas. J’ai pris conscience de sa force, se sa propension à coller un gros couvercle sur la lessiveuse… à tout autre que toi, je dirais “c’est un handicap !”. A toi je dis… tiens le choc, c’est une voie tunelée, il faut passer le cap, franchir, et retrouver la lumière qui nous guide. Pas la luminothérapie, qui à mon avis est une béquille (et tout ce qui soulage est bon à prendre) mais la vraie lumière de la vie. L’Amour, le taff, l’accomplissement, la reconnaissance…
    Ceci étant, on a tous le droit de ne pas être au top, d’autant plus lorsque des paramètres physiques objectifs nous compliquent le quotidien… le décalage entre qui tu voudrais (pourrais) être, et qui tu es. et le regard (jugement des autres).
    Tiens bon la barre.
    Le soleil revient.
    Je t’embrasse (je me permets)

    Jean-Pierre.

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