C’est marrant, je pensais qu’en vieillissant on apprenait à être plus forts, à mieux réagir en fonction de nos échecs, victoires, blessures, leçons… C’est vrai, en partie. Mais le problème c’est que chaque échec, victoire, blessure, leçon, laisse aussi une trace plus ou moins discrète, profonde, durable. Une cicatrice, une fissure.
Pour faire plus court, ce qui ne nous tue pas nous rend à la fois plus forts et plus fragiles.
Pendant plus de 25 ans, je n’ai pleuré devant personne, ça me semblait le summum de l’intime. Faut dire que c’était pas dur, je pleurais 2 ou 3 fois par an. Le soir dans mon lit, quand trop de fatigue/énervement souvent. Un dodo et ça repart.
Inimagineable pour moi de pleurer devant un film. Pleurer de joie, alors là ça me dépassait vraiment. Je n’étais pas insensible, loin de là, tout me touchait, je connaissais joies et tristesses intenses, mais sèches.
Depuis 5 ans, il y a eu des coups, accrocs, déceptions, douleurs. Douces, violentes.
Et quand ça ne va pas, pleurer devant un humain m’indiffère totalement, finalement. Et en ce moment j’ai de bonnes raisons de chialer, alors je m’y adonne intensément, parce que j’ai pas vraiment le choix. Mais je trouve ça tellement nul ! Pas socialement, ni psychologiquement, pas en tant que faiblesse et tout, ça je l’ai dit, je m’en fous.
Mais sans déc, ça sert à quoi de pleurer ? La poète disait quelque chose comme “Ne retiens pas tes larmes laisse aller ton chagrin, ne retiens pas tes larmes, pleurer ça fait du bien”. Et ben QUE TCHI ! Des queues de cerises ouais ! Ca fait absolument pas de bien. Après avoir pleuré je suis juste encore plus fatiguée, donc down, donc encore plus envie de pleurer.
J’ai lu récemment que dans les larmes, il y aurait des protéines (Et ? Ca veut dire qu’il faudrait les boire, comme un petit remontant ?) et des hormones antalgiques (Mais si on les évacue, ça sert qu’à calmer la douleur des joues non ?). Bref, moi je suis super sceptique.
Mais il y a un truc marrant qui accompagne mes grosses chiales, c’est les petites chiales !
Ben oui ça y est, je verse ma larme pour un film, une chanson, un cadeau, une naissance, un mot, un brin d’herbe. Pas de tristesse. Juste, ça coule. Je ne suis pas plus émue qu’avant, juste fissurée. Alors ça coule, ça fuit, ça suinte, ça déborde. Je suis incontinente du globe occulaire, je contrôle plus bien.
Et je trouve ça assez drôle, je ne sais pas pourquoi mais je me visualise en vieille pleureuse, dans quelques décénnies. Je vois toute la famille s’amuser à me faire pleurer, et y arriver tellement facilement, les enfoirés. 🙂
Thomas Fersen – Ne pleure plus
J’ai failli interrompre cet article en tombant sur ce très proche écrit presque synchro de Daria Marx !…
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